23.03.2020

PROJETS DE RECHERCHE – LE PONT SUR LE RHIN À BREISACH

Le dernier regard des déportés badois vers le pays, les 22/23 octobre 1940

À l’occasion du 80ème anniversaire de la déportation des Juifs sarrois-palatins et badois vers le camp d’internement de Gurs, dans le sud de la France, à la lisière des Pyrénées, les auteurs Dr Bernd Hainmüller et Dr Christiane Walesch-Schneller examinent dans leur article « Die Rheinbrücke Breisach. Der letzte Blick auf die Heimat der badischen Deportierten nach Gurs – 22./23. Oktober 1940. » la question de l’itinéraire emprunté par les trains transportant les déportés. L’article a été publié dans le journal « Zeitschrift für die Geschichte des Oberrheins » (Vol. 168, 2020).

Les recherches historiques sont unanimes sur litinéraire à partir de Mulhouse, qui fut un lieu de regroupement. Les neuf trains de déportation, deux longeants la rive gauche du Rhin et acheminant les Juifs sarrois-palatins et sept – ceux transportant les Juifs de Bade –  longeants la rive droite, sont partis de Mulhouse en passant par Dijon jusqu’à la ville frontalière de Châlon-sur-Saône sur la ligne de démarcation entre l’Alsace occupée et la « Zone libre », dans laquelle le gouvernement  collaborateur de Vichy avait proclamé l’État français. Les trains suivirent ensuite la route de Lyon, Nîmes, Narbonne, Toulouse et Pau jusqu’á Oloron-Sainte-Marie. De là, les déportés ont été emmenés par camion au camp de Gurs.

Il y a moins d’accord, cependant, sur la question de savoir par quel pont sur le Rhin les trains sont entrés en Alsace annexée.

Trois ponts du Rhin sont envisageables, le pont entre Kehl et Strasbourg, celui entre Breisach et Colmar et celui entre Neuchâtel et Chalampé.

En l’absence de documents de transport comme sources jusqu’à présent, les auteurs s’appuient sur (1) des récits et témoignages de déportés, et (2) une analyse de l’état des ponts du Rhin en octobre 1940.

Onze des déportés ont déclaré avoir roulé vers l’ouest depuis Freiburg et avoir traversé le pont de Breisach. Il est intéressant de noter que deux très jeunes déportés, Rolf Weinstock d’Emmendingen et Manfred Wildmann de Phillipsburg, mentionnent même un détail qui correspond sans doute au pont près de Breisach, détruit en 1939 et réparé en 1940.

Manfred Wildmann est décédé en 2020 à l’âge de 89 ans en Californie et ce n’est qu’en décembre 2019 que sa famille a confirmé ce rapport (la faible santé de M. Wildmann n’avait pas permis une interview avec lui).

D’après un tableau répertoriant la destruction des ponts du Rhin supérieur et leur restauration en 1940-1941, on constate qu’au moment de la déportation des 22-23 octobre 1940, seul le pont du Rhin de Breisach avait été restauré pour la circulation des trains. De nombreuses photos dans les archives de la ville de Breisach fournissent des preuves convaincantes de cette situation ; la réouverture du pont le 25 juillet 1940 a été célébrée par les nazis. Les archives municipales de Kehl et de Neuenburg ont confirmé ce résultat de recherche.

L’article peut être consulté et téléchargé ici.

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